Ses yeux
Je déambule dans des couloirs sombres,
frappant à chaque porte, essayant en vain de retrouver des étoiles que
j'ai perdues, derrière une de ces portes, mais elles sont toutes
identiques et je ne trouve pas.
j'avais juré ne jamais les perdre,
j'avais juré de toujours veiller sur elles et quoi qu'il arrive, les
garder toujours en sûreté, tout au fond de mes yeux.
Mais un matin je me suis réveillée, et mes étoiles n'étaient plus là.
Mon reflet pâle me regardait, sans expression, et je n'ai pas vu mes étoiles, à la place, j'ai vu le vide.
Alors
j'ai pleuré, pensant que peut-être cela les ramènerait, mes les larmes
coulaient sur mes joues, froides comme la glace, et mes étoiles ne
revenaient pas.
Alors j'ai ouvert la porte, et j'ai posé mes pieds
sur la poussière du perron. A gauche, à droite, il n'y avait que des
portes noires, identiques, et j'ai crié tellement fort, tellement
longtemps, que quand je me suis arrêtée, je me suis écroulée sur le sol
froid, et toute la chaleur s'est envolée.
Elle n'est pas revenue. Mes étoiles non plus.
Alors
j'ai marché. Je déambulais depuis tellement longtemps, pour les
retrouver, que mes pieds ne touchaient plus vraiment le sol, et mes
épaules nues ne sentaient plus le souffle glacé qui les enveloppait.
Je ne m'attendais même plus à les trouver, mais je marchais, parce
qu'un espoir aveugle me faisait tenir, et me disait tout bas qu'un
jour, elles reviendraient vers moi.
Alors j'ai ouvert encore une porte, une centième, une millième porte peut-être, et j'ai senti leur chaleur.
La
porte s'est ouverte sur une chaude soirée d'été, et en sentant l'herbe
mouillée sous mes ballerines, en humant l'air autour de moi, je n'ai eu
besoin que d'un instant pour savoir qu'elles étaient là, quelque part
sous ce clair de lune, tout près de moi.
Je me suis assise contre le
tronc d'un arbre, et j'ai attendu. Un souffle chaud est venu me
caresser le visage, et le vent a poussé mes étoiles jusqu'à la prunelle
de mes yeux. Elles m'ont murmuré au creux de l'oreille qu'elles avaient
été enlevées, et qu'elles ne pouvaient pas s'enfuir. Mon coeur s'est
déchiré, et même en les gardant bien au chaud sous mes paupières cette
nuit-là, je les sentais repartir, et je ne pouvais que les effleurer du
bout des doigts, pas les retenir.
Cette nuit-là, elles m'ont serrée
dans leurs bras, elles m'ont réchauffée, mais à l'aube, je
n'étais déjà plus qu'un petit tas de cendres, et mes étoiles étaient
reparties.
Depuis rien n'est plus pareil, tout est fade, tout est
gris, mais au bout du chemin, la nuit, je vois dans mes rêves mes
étoiles qui veillent sur moi. Je les retrouverai, même si je dois
ouvrir encore autant de portes qu'il y a galets au bord de l'eau.
Un jour, je te rappellerai mon Amour.